Anaïs, une amie du Foyer des lycéennes, de la prépa, de Sciences Po, et en même temps d'en dehors de tout ça, arrive le lendemain de l'incendie (Pâques aux bougies) : pas de chance, on l'accueille avec un grand nettoyage de printemps plus que nécessaire (qui dure encore d'ailleurs quelques semaines plus tard, car la cendre voltige un peu partout et est dure à éliminer). Pour avoir une petite idée, voici ci-dessous notre boîte aux lettres (celle où la poste ne m'a jamais rien laissé d'ailleurs), blanche normalement :
On aura bien mérité la soirée, au bar The Apartment, certes un peu branchouille mais parfait pour discuter tranquillement des heures - ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vues !
Le lendemain, découverte de Sofia.
Le boulevard Vitosha, du nom de la montagne au fond. Les "Champs Elysées bulgares", mais bien plus tranquilles qu'à Paris, car on n'y croise que des piétons ou des tramways qui ne dépassent pas les quarante km/h...
Près de "Tsum", le "Harrod's bulgare" (et pourquoi c'est toujours dans ce sens là ? Pourquoi Harrod's ne serait pas le "Tsum londonien" ?), un centre de magazins très chic. Au fond, l'église Ste Nedelia (Ste Dimanche) et plus au fond encore, les montagnes de Vitosha.
Les sources d'eau chaude auxquelles tous les Sofiotes (et oui c'est bien comme ça qu'ils s'appellent !) viennent se réapprovisionner.
Anaïs et moi
Au théâtre national, à nouveau de l'eau après ce long hiver durant lequel la fontaine ne marchait plus.
Anaïs (photo de Fender), près de la Rotonde St Georges
Grand tour de Sofia, du marché des femmes au Parlement, en passant par le théâtre national, la rotonde St Georges, le boulevard Vitosha, la Grande Mosquée, les Halles, Tsum... Il ne manque plus que le quartier de la cathédrale Alexandre Nevski... Pourquoi pas y aller ce soir, c'est justement la messe de Pâques ? On s'est bien retrouvé dans cette cathédrale à Noël, pour la première fois de nos vies, Klervi, Julian et moi (voir Les Ouilibot en Bulgarie) !
Anaïs, moi et Fender (mon colloc Ecossais)
Un conseil : comme pour le jour de Noël, ne vous lancez pas à la recherche d'un resto en Bulgarie le soir de Pâques (les deux fêtes sont aussi importantes l'une que l'autre ici), on a mis des heures à trouver celui-ci !
Foule devant la cathédrale Alexandre Nevski.
Vladi, mon collègue du bureau, m'a expliqué beaucoup de choses sur les Bulgares et la religion il y a quelques jours. Le rapport n'est pas du tout le même que celui qu'on connaît en France. A l'époque du communisme, aller à l'église pouvait être puni de ce qu'on appelait "déportation". Rien à voir avec les camps. Comme il n'y avait pas de propriété privé, les hommes au pouvoir décidaient de qui habitait où, et pouvaient "déporter" les "opposants" (qui étaient croyants, écoutaient "Radio Free Europe", aimaient les Beatles ou encore avaient un style métalleux dans les années 1980...) dans des villages loin de leurs proches. Première étape avant la prison. A la chute du régime, tout le monde s'est mis à retourner à l'église, en particulier pour Noël ou Pâques, même les non-croyants. Ca me semble être moins par protestation contre l'interdiction communiste, que par superstition - à l'heure actuelle en tout cas, je ne sais pas comment c'était juste au début des années 1990. Il y a mille et unes petites choses tout au long de l'année, religieuses ou non (comme les martenitsi ou les oeufs de Pâques, dont je parle un peu plus loin), censées apporter santé, prospérité, bonheur, et sur lesquelles on ne transige pas... D'ailleurs, on souhaite à tout bout de champ "да си жив и здрав" ([da si jiv i zdrav]), "que tu sois vivant et en bonne santé", comme on dirait en français "bonne journée". Je ne sais pas si les gens croient vraiment aux effets de ces rituels (Vladi disait que chacun a sa propre version), mais dans le doute, autant les respecter, on ne sait jamais !
Alexandre Nevski
Le patriarche de l'Eglise bulgare, l'équivalent du pape pour les catholiques, Marin Minov (appelé "sa Sainteté Maxime").
(une rare occasion de pouvoir prendre l'intérieur de la cathédrale en photo, généralement c'est impossible)
On nous a expliqué une tradition pour Pâques : on doit allumer un cierge et le ramener chez soi après la messe. On compte alors le nombre de fois où il s'éteint et où il faut le rallumer, qui correspond au nombre de fautes commises durant l'année. Je n'aurais pourtant jamais fait le lien avant entre vertu et état du vent ou distance église-maison... Nos cierges se sont consumés à peine étions nous sorties : conclusion ?
Le trône du patriarche
La foule sort de la cathédrale. Une autre tradition (rite, superstition ?) veut qu'après la messe, les croyants tournent trois fois autour de l'église avant de rentrer chez eux.
Comme des athées que nous sommes, on poursuit la soirée un peu trop religieuse jusqu'ici dans un bar. Il y a un lien quand même (héhé après des disserts de prépa les transitions a posteriori ça nous connaît) : Hambara est un bar éclairé uniquement par des bougies ! (ok c'est léger comme transition...)
Le lendemain, direction Vitosha pour une journée en montagne.
Anaïs et Fender
Sofia vue du Sud
(sans doute la photo que j'allais juste faire sur la photo d'avant)
Il y a encore de la neige ici !
(photo de Fender)
Premier avant-goût de la cascade qu'on cherche à atteindre.
Et enfin la cascade ! Un air de déjà-vu ? Voyez ce post, l'un des premiers du blog : Dimanche 19 juillet : sur le mont Vitosha.
De l'autre côté
Got ya
Il y avait deux chemins pour atteindre la cascade, un plus long et plus facile, qu'on a pris à l'aller, et un difficile (c'est un euphémisme). Là haut, on rencontre une bande de Bulgares, qui nous propose qu'on redescende ensemble... non seulement par le chemin difficile, mais par des raccourcis dans ce chemin ! On s'en souviendra !
Pause - pose
Dans le quartier de Boyana
De retour juste à temps pour préparer un "giovetch" et monter dans un bus et aller à l'aéroport chercher Claire, une amie de la fac de Nanterre. On était les deux seules étudiantes d'arabe non originaires d'un pays arabe, d'où une bonne dose de frustration -ça rapproche !- quand le prof cherchait à nous faire deviner des mots nouveaux et que tout le monde se rappelait vaguement des expressions de leurs grands-parents ou du bled (ce ne sont pas les racines bretonnes qui aident dans ces cas là). Partie aux Etats-Unis puis à Londres, encore une amie que je n'ai pas vue depuis longtemps.
Rencontre étonnante à l'aéroport. Le chauffeur de bus commence à discuter avec nous, s'offusque qu'on ne soit pas croyantes (tous les Bulgares ne sont pas comme lui), et finit par me donner une petite Bible en m'encourageant fortement à la lire, puis à la traduire à Claire !
La soirée est tout à fait bulgare, entre les banitsa, le kozounak, le giovetch et les oeufs de Pâques. Malheureusement ici ils ne sont pas au chocholat, mais ce sont de vrais oeufs...
Bataille d'oeufs à Boyana
Partout dans Sofia sont vendus des gélules servant à colorer les oeufs. Le premier doit être rouge. Normalement, la plus vieille personne de la famille fait le signe de croix avec l'oeuf sur le front de tous les enfants puis le place près de l'icône. Au bout d'un an, pour la prochaine fête de Pâques, on ouvre l'oeuf : selon s'il est bien plein ou un peu creux, la maison sera prospère ou non. Les autres oeufs sont colorés de toutes les couleurs.
Chacun choisit un oeuf. Vient ensuite la "bataille". Une personne tient son oeuf, bout pointu en bas, au-dessus de l'oeuf d'une autre personne et le frappe. Celui dont la coquille est fissurée a perdu la première manche. Puis on recommence avec les autres bouts de l'oeuf, non frappés. S'il y a égalité, alors on frappe les deux bouts intacts pour départager les opposants.
Sauf que ce qui nous manquait comme info dans tout ça, c'est qu'il fallait que les oeufs aient été cuits avant... Sinon, voilà ce que donne la bataille d'oeufs ! (ci-dessus).
Mais si les oeufs étaient vraiment durs, alors il faut les manger après la bataille (c'est obligatoire pour être heureux et en bonne santé pendant l'année) avec un pain spécial appelé le "kozounak", une sorte de brioche aux raisins.
Première soirée de Claire (aventures à suivre), dernière d'Anaïs déjà...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire