15 septembre aujourd’hui. Deux mois qu’on est arrivé, et un jour que le festival tant attendu est fini. Désolé pour le peu de nouvelles récentes, je vais essayer de rattraper ça.
Les premiers jours à Sandanski, nous étions seulement quatre dans l’hotel Zdravec et Sandanski nous semblait bien mort par rapport à Sofia. Notre espoir : l’arrivée des vingt volontaires européens, puis des participants du projet YES (Youth European Soundtrack) –des groupes de musique de toute l’Europe– de tous les volontaires bulgares et enfin des artistes participants au festival.
Début septembre, voici vingt nouveaux prénoms à apprendre, grec, allemand, polonais, italien, serbe, macédonien et turc.
Amelie et moi les avons rejoints trois jours pour notre « On-arrival training », obligatoire pour tout volontaire du Service Volontaire Européen. L’hôtel Pirin… le meilleur hôtel-spa de tous les pays des Balkans nous dit Emilia, et je veux bien la croire.
Cinq étoiles, un spa, un jacuzzi, une piscine extérieure et une autre intérieure, des saunas secs et humides, une douche tropicale (j’ai à nouveau dix ans là-dessous, entre la pluie de mousson, la cascade ou le crachin de tous les côtés), une salle de relaxation… Dans cette salle, lumières tamisées, couleurs apaisantes, fleurs qui embaument l’air, une série de lit en forme de cocons et de la musique du genre « Natures et découvertes », des oiseaux qui chantent, le bruit des vagues : la recette de la paix intérieure ? Pour compléter le tableau, une salle de fitness, un casino (chaque chambre ayant un voucher de vingt leva pour y jouer), un piano bar, un billard, des magasins… et je n’ai peut-être pas tout vu. Des massages en tout genre, aux noms qui font plus rêver les uns que les autres, existent pour ceux qui peuvent ce le permettre. Notamment, massages au miel ou au chocolat ! Ce n’est pas dans notre budget de volontaires malheureusement.
Le training, comme la formation de « pre-depature », a pour but de nous préparer au mieux à la rencontre avec une culture étrangère et au travail de groupe. D’où beaucoup d’ « ice-breaking games », des danses, des dessins, des discussions. Je suis étonnée de voir que chaque jeu, aussi stupide qu’il puisse paraître au début, nous permet de nous placer dans des situations qui peuvent arriver concrètement et d’avoir un autre regard sur ce qui se passe. Par exemple, pour l’un de ces jeux, nous étions par petits groupes sur différentes tables et devions jouer aux cartes en suivant des règles très simples indiquées sur un papier. Le gagnant remontait le cercle formé par les tables tandis que le perdant descendait. Là où ça se complique, c’est qu’on n’avait pas le droit de parler. Quel est l’intérêt de ce jeu ? En fait, comme on s’en est rendu compte après des malentendus et des disputes muettes, chaque table avait ses propres règles du jeu, mais tout le monde pensait que les siennes étaient universelles. Est-ce qu’il faut s’adapter complètement aux nouvelles règles, essayer d’imposer les siennes ? Comment réagir envers ceux qui n’ont pas compris quand on ne peut pas communiquer ? Plusieurs personnes du groupe, des Serbes et des Italiennes, ne parlaient pas un mot d’anglais. Et pourtant, ce n’est pas une barrière insurmontable, on peut quand même échanger.
Rien de tel que ces quelques jours paradisiaques juste avant le festival pour se vider de tout stress. Pas beaucoup de sommeil –et ça ne va pas aller en s’améliorant !– mais ce n’est pas tous les jours qu’on dort dans un cinq étoiles. Merci l’Europe !
A notre retour à l’hôtel Zdravec, « moins trois étoiles » disait quelqu’un, l’ambiance n’a rien a voir avec celle qu’on a quittée. Les couloirs aux allures de Shining ont disparu, toutes les portes s’ouvrent sans arrêt, on entre partout, on se pose, on discute. Les sept étages sont habités uniquement par des participants du festival, que des jeunes de partout.
Avec le début du projet "YES" (Youth European Soundtrack), la musique envahie l'hôtel, et plus largement la ville. Des groupes de toute l'Europe, Ecosse (Afterglow), Turquie (BlueZone), Bulgarie (Gabana), Croatie (Asylum), Serbie (Drugo Rodjenje), Macédoine (Alien Perspective) sont réunis quelques jours pour écrire la musique de courts-métrages, qu'ils joueront à la fin du BYF sur scène.
Pour accueillir tout le monde, une soirée bulgare est organisée dimanche dans une taverne de Sandanski. Plats traditionnels, dances endiablées ("horo"), musique que je n'oserai pas appeler typique -les Bulgares se sont enflammés en rentrant en nous précisant bien que la musique bulgare n'était pas ça. Effectivement, c'était pas terrible, mais on a bien dansé.
Tous les soirs, les fêtes se poursuivent à Zdravec quasiment toute la nuit. Lundi et mardi, les participants du projet YES nous présentent leurs pays. Entre autres, les Ecossais ont ramené des perruques rousses :), les Polonais de la vodka, les Macédoniens de la mentha (un alcool de là-bas), les Serbes leurs belles voix, les Roumains leurs vieilles photos de famille et les Turks des loukoums. Ils avaient aussi une sorte de poudre, et un jeu qui était dans mettre le plus possible dans sa bouche et d'essayer de dire quelque chose: impossible sans cracher de la poussière partout !