Premières pluies

Je pensais que vu la chaleur, les premiers pluies seraient plutôt un bon moment. Finalement, j'aime autant le soleil...

19h30, ce soir. Il fait encore lourd, mais moins chaud que dans la journée, je vais courir. Mon tour dans les parcs de Sofia touche à sa fin, quand tout d'un coup une jeune femme m'appelle. Un descriptif de son hôtel à la main, elle cherche sa route et le Bulgare à qui elle parle ne parle pas du tout anglais. Ca tombe bien, j'ai justement une carte. On finit par trouver où elle doit aller : elle est complétement perdue et ce n'est pas tout près. Je propose de l'accompagner un bout de chemin histoire qu'elle s'y retrouve ensuite. Mais je réalise au bout de cinq minutes qu'on n'a pas pris le bon boulevard. On est quand même dans la bonne direction, mais là, impossible qu'elle arrive de façon simple à rentrer à l'hôtel. Je n'ose pas non plus lui laisser ma carte, qui m'est trop utile, et un peu par culpabilité de l'avoir mal guidée et parce qu'elle est désespérée et visiblement incapable de s'orienter, on y va ensemble.

Le ciel commence à se couvrir, jusqu'à être tout noir, très lourd. Eyna (à peu près [inè]) est coréenne et parle un anglais très approximatif. On discute quand même un peu, surtout vu le chemin à parcourir, qui se révèle plus long que prévu. Elle fait partie d'un de ces groupes qui visite toute l'Europe en un mois : Londres, Paris, Avignon, Nice, Monaco, Venise, Caprie (elle a adoré), Rome, Athènes et la Grèce, Istanbul, Sofia, et demain la Roumanie, puis la République Thèque, la Slovaquie, l'Allemagne, et j'en passe. Tous les pays européens sauf la Scandinavie. Woo. Le type de voyages que j'adore. Au fait, elle n'aime pas trop les Turcs. Bon, qu'est-ce que je fais là à marcher la nuit tombante avec elle ? A part ça, elle est quand même sympa, et avec ses quelques deux euros, sans aucun leva (la monnaie bulgare), impossible de la laisser là. Je ne sais pas comment elle a fait pour se retrouver perdue comme ça au milieu de la ville et loin de son groupe. Comme quoi ces touristes fonctionnent vraiment en meute, sans les autres ils sont perdus.

Voilà qu'il pleut. Grondements de tonnerre, éclairs. On longe des énormes boulevards aux allures d'autoroutes. Et des parcs aussi, sombres comme il faut. Le vent remue la poussière et les feuilles. Glauquissime. Pour seul baluchon, une carte, une bouteille d'eau et mes clés, pas de portables pour appeler les collocs. Mais que diable allais-je faire dans cette galère ? Une heure de marche environ, on finit par arriver à son hôtel. Echange d'adresses mails sous le porche, à l'abri du vent et de la pluie. Je ne me vois pas du tout longer à nouveau ces routes, vu la lumière, le temps, et ma tenue de joggeuse. Problème : elle n'a QUE deux euros vingt. Oups. On tente le tout pour le tout, j'arrête un taxi. Il ne parle pas en anglais bien sûr, ça aurait été trop beau. Je lui explique comme je peux la situation, et son "Ne" est assez catégorique. Aie aie aie. Le prochain taxi accepte : sauvée ?

Je ne connais pas bien le quartier dans lequel on se trouve, mais j'ai un repère. En gros, il faut prendre une grande rue jusqu'au stade national "Vasil Levski", puis prendre une autre grande rue à gauche. Première rue, tout va bien, je garde quand même un petit oeil sur la carte. Et voilà qu'on tourne... à droite. Petit coup de flip. Je lui signale que ma rue est plutôt à gauche... Il me répond que ça va plus vite par là. Bon au pire, je peux toujours ouvrir la portière et sauter, c'est déjà ça. Et finalement, quelques minutes plus tard, on est à nouveau dans la bonne direction. Retour à l'appart, quelques heures plus tard, après une soirée pour le moins inattendue...

Je me rappelerai de ce premier soir de pluie.

PS : pas de panique Maman. Comme quoi je suis sûre que parfois seule à l'étranger avec une carte on se débrouille mieux qu'en groupe... sans carte.