Scènes, images et remarques en vrac.
Un charrette tiré par un cheval aux abords d'une grande ville. On pourrait se croire il y a un siècle... si le conducteur ne portait pas un gilet fluorescent !
Les svastikas pullulent sur les murs bulgares. Souvent, l'inscription "Levski" à côté, du nom d'un grand révolutionnaire qui a lutté contre l'occupation ottomane. Je m'étonne que pour des nationalistes extrêmes, ils n'aient pas choisi l'alphabet cyrillique mais latin... [Erratum (merci Fred): Levski ne se réfère pas directement au révolutionnaire, mais à une équipe de foot de Sofia, opposée au CSKA Sofia, qui était le club de l'armée rouge bulgare. Le CSKA était soutenu à l'origine par l'élite intellectuelle et sociale -les communistes- tandis que les supporters du Levski Sofia venaient des banlieues pauvres et libérales. Les maillots, rouges pour le CSKA, bleus pour le Levski, reflètent cette opposition.]
L'alphabet cyrillique. Ou plutôt les alphabets cyrilliques. Puisque les lettres dactylographiées n'ont parfois rien à voir avec celles manuscrites, et que les deux formes d'écriture peuvent être mélangées. Comme on doit deviner les mots (un exemple : la traduction bulgare de l'histoire de Disney, "Le tsar lion" ^^) et que la vitesse de lecture est naturellement beaucoup plus lente que pour notre alphabet, on n'a pas du tout le même rapport à la publicité. Celle-ci a beau nous submerger autant qu'en Europe de l'Ouest, on est comme blindé contre l'invasion inconsciente des mots et des messages ! (à droite, Makgoha^gc, ou Macdonald)
En parlant de mots, le français a une certaine cote, surtout pour tout ce qui est parfums, cosmétiques, salons de coiffure... Ce qui est parfois marrant : "et pour vous, une crème Sanssoucis ?" Le sens peut aussi être bien mystérieux, comme ce salon de beauté "Jamais"...
Les parfumeries n'ont rien à voir avec la France. Un petit comptoir sur lequel des tas de flacons sont posés, côté hommes d'une part, côté femmes de l'autres, étiquettes bleues et roses. Sur le bouchon, les noms des grands parfumeurs connus partout. Et derrière, une petite dame qui vous observe en souriant. Je devais avoir l'air un peu ridicule aussi à regarder tout ça, sans comprendre que pour sentir, il fallait simplement soulever le flacon, dans lequel un bout de coton était imbibé de parfum. Et ensuite, une fois le choix fait, on peut acheter telle taille ou telle autre de contenant. Comment parviennent-ils à copier ces parfums ? Si ce sont bien des faux comme je l'imagine, comment peuvent-ils carrément avoir un magasin ?
Dans la rue. Très souvent, fausse joie -la pluie ! :)- ou fausse frayeur -la pluie... :(-, en recevant quelques gouttes d'eau sur la tête. Un grand mystère. Les pots de fleurs semblaient les coupables idéals, mais il n'y en avait pas toujours. Je crois avoir démasqué les responsables : de grosses boîtes à l'extérieur qui servent à la climatisation des appartements. Est-ce que cet hiver nous recevrons des bouts de glaçons sur nos têtes ?
Au niveau du premier étage, l'entremêlement des câbles à chaque carrefour forme des sortes de grandes toiles d'araignées. Puis plus haut, dans les cours d'immeubles, d'autres fils suspendus servent à faire sécher le linge. Nouveau mystère : comment ce linge arrive-t-il là, à vingt mètres du sol et dix de chaque mur ? Il a fallu quelques temps pour confirmer nos conjectures : des poulies !
Attention quand même à ne pas passer son temps le nez en l'air. En effet, les trottoirs sont parsemés de plaques en métal sur lesquelles il est conseillé de ne pas marcher, sous peine de tomber avec elles.
Les rues sont pleines de chiens et de chats errants. Certes, les chiens n'hésitent pas à attaquer les voitures (à moins que ce soient des tentatives déséspérées de passer en dessous et d'en finir), mais ils ne font aucun mal aux piétons. Plus gentils peut-être même que des chiens non sauvages. Deux vivent en face de chez nous. Ils s'ennuient tellement que quand ils ne se battent pas en poussant des cris de rats, ils nous observent et aboient dès qu'on sort étendre du linge sur le tout petit balcon. Petits et teigneux. Ils vont mal finir...
Tout le monde ici a des surnoms. Emilia est Emi, Vladimir Vladi, Petar Pepi... et Eléna Eli. Pas toujours des diminutifs, car ils peuvent être plus longs que le prénom d'origine. Comme en Allemagne, les premières fois qu'on rencontre une personne, on se sert la main, filles comme garçons. Si on se connaît mieux, on peut se prendre dans les bras, voire se faire la bise. Et pour les gens très proches, notamment la famille, on s'embrasse sur la bouche. Même si on le sait, ça reste un peu déroutant de voire des cousins qui n'arrêtent pas se s'embrasser...
"Kakvo pravich ?" Qu'est-ce que tu fais ? Pas la peine de se lancer dans une description passionnée de son boulot, de ses études ou de son activité du moment... Ca veut simplement dire : comment tu vas ? A savoir...
Dans les squares, comme dans tous les squatres, des vieilles personnes attendent ou se reposent, des parents surveilent, des enfants jouent. Ils s'amusent sur des tas de vélos, voitures et motos à roulettes en plastique... loués par une personne qui reste toute la journée sur une chaise dans l'attente des jeunes chauffeurs ou chauffards. Un métier de plus qu'on ne connaît pas chez nous.
Mon petit délice de chaque jour que de lire tes articles : j'imagine les rues, les odeurs, les sons, les petits chiens qui crient comme des rats :-)
RépondreSupprimerComme on est mercredi, j'ai eu le droit à une "double ration" de toi aujourd'hui : une lettre de ton fameux courrier de plusieurs mois, avec au programme de la journée, un puzzle à construire... Tu y a dessiné ta vie bulgare, et par prédiction, tu sembles avoir décrit celle que tu vis vraiment, même si certains détails manquent (comme notamment, encore et toujours les chiens qui crient comme des petits rats)
Je te fais de gros bisous ma soeurette, je pense à toi en tout cas, continue d'écrire...
Merci d'être une (double) lectrice si assidue, je pense que tu as la palme ! Vous êtes des rats bien plus mignons que les monstres d'en face au fait :)
RépondreSupprimerà ++ poulette