samedi 1 août 2009

Sandanski sans dents de ski

Sandanski, petite ville du Sud-Ouest bulgare, tout près des frontières macédoniennes et grecques : un autre décor. C'est là qu'aura lieu le Balkan Youth Festival, on va y passer un mois en septembre. Première visite des lieux cette semaine.

Départ épique : après quelques heures d'attente au bureau, qui nous ont permis de faire connaissance avec d'autres volontaires, Serkan (de Turquie), Iva (de Bulgarie), Gjorgji (de Macédoine) et Dejan (de Serbie), un mauvais tram et nous voilà Pepi, Fred, Kevin, Amelie et moi perdus au milieu de la banlieue sofiote. Tout est bien qui finit bien, on n'aura qu'une heure de retard. Direction plein sud dans un bus-four.

On s'extasie devant l'hôtel. Mis à part le fait de devoir monter au 4e pour accéder à la chambre, tout est parfait : clim, vue sur des ruines antiques avec fond de montagnes, et summum du luxe, un lit double pour dormir en étoile !

Amelie et moi inaugurons le début de notre travail en tant que volontaires par une présentation à tous les participants présents du Balkan Youth Festival... alors que nous faisons partie des rares à n'y être encore jamais allées !

En haut : Gjorgji (Macédoine), Misho (Bulgarie), Karol (Pologne), Fred (France), Kévin (France), Dejan (Serbie), Amelie (Allemagne), Serkan (Turquie)

En bas : Emilia, Pepi, Iva et Vladi (Bulgarie)

Sandanski est une petite ville assez mignonne. Emilia, qui est à l'origine du BYF (à côté de moi sur la photo), vient de là-bas, c'est la raison pour laquelle le festival s'y tient depuis quelques années (avant, il avait lieu à Gabrovo, au centre du pays). Beaucoup de petits cafés (on ne compte plus les Nespresso frappés par cette chaleur), de squares et de fontaines. La ville est connue en Bulgarie pour ses sources chaudes, dont certaines dépassent les 70° C.

Le festival se passe principalement à Sandanski, mais quelques activités ont aussi lieu à Melnik. Les maisons n'ont rien à voir avoir ce que j'ai vu de la Bulgarie jusqu'ici. D'après Gjorgji, c'est parce qu'on est dans une région qui en réalité est macédonienne... En plus d'être la plus petite ville de Bulgarie, Melnik nous frappe par quelques autres spécificités, comme sa rivière sans eau ou ses fûts de 4L de vin vendus devant presque chaque maison. Ou encore ce magasin de souvenirs (de la casquette communiste "CCCP" = URSS usée par le soleil aux vieux instruments à vent) au fond duquel une télé grand écran passe "Les feux de l'amour" à la bulgare. En parlant de télé, les chaînes qui ne sont pas en bulgare sont soit en anglais ou russe sous-titré (voilà pourquoi ils parlent tous si bien !), soit doublées en bulgare. Mais attention : pas doublées en fonction du mouvement des lèvres. Le texte bulgare est juste ajouté au texte anglais, qu'on peut entendre en fond. Une expérience intéressante quand on comprend mieux l'anglais que le bulgare...

Kévin, Amelie et Serkan, heureux

Dîner dans un resto traditionnel de Melnik. Surprise : ce qu'on prenait pour le plat principal n'était que l'entrée. Des grands pains aux céréales, du fromage -"siréné" (blanc) ou "kachkaval" (jaune), beaucoup de légumes, d'herbes et d'épices, des pommes de terre au fromage, le tout accompagné d'eau (toujours minérale), de vin (surtout dans cette région), de bière (la Chumensko fait l'unanimité) ou de rakija, de l'eau de vie qui avoisine les 50°. A l'hôtel, on découvre aussi les petits déjeuners bulgares, puisqu'à l'appart on a chacun gardé nos traditions et habitudes (même si je ne mange plus chaque matin "à 7h52 des céréales rondes au chocolat" avant l'école :)). Les French toasts sont certes des toasts mais n'ont pas grand chose de français : ce sont des tartines trempées dans des oeufs et mangées avec du fromage ou/et de la confiture. Variante : les pains grillés au fromage fondu. Je commence à me demander si la France n'est pas le seul pays à séparer à ce point le sucré du salé.

Le groupe du "pre-meeting" de Sandanski rassemble les leaders du projet Youth European Soundtrack ou YES (http://byfestival.yource.net/blog.aspx). Plusieurs jeunes groupes européens (RU, Grèce, Pologne...) seront invités à écrire la musique de courts métrages présentés pendant le BYF puis ils joueront sur scène. Les leaders présents ne connaissent pas nécessairement les groupes ni le projet précisément, d'où cette réunion. La plupart sont déjà très investis dans des actions du programme "Youth in Action" de la Commission européenne. Pendant ces quelques jours, on compare tout entre la Bulgarie, la Pologne, la Macédoine, la France, l'Allemagne, la Serbie et la Turquie. Y compris certains points de vue qui semblent irréconciables. Les sujets qui font mal et dont les gens préfèrent ne pas parler du tout : tout d'abord, l'histoire. Bizarrement pour nous, on parle moins de l'époque communiste que de l'occupation turque (appelée "esclavage" en Bulgarie), du 14e au 19e siècle. Il ne fait pas très bon ton de parler ici des Turcs, Roms (surtout en Bulgarie) et Albanais. Je ne sais pas quelle histoire on apprend aux enfants, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle varie beaucoup d'un pays à l'autre et qu'elle est chargée d'émotions. "Quoi, tu nies les massacres des Bulgares par les Turcs, tu n'as pas vu les films ? Et ces marques de balles dans le mur d'une école, quand les Turcs sont arrivés ?" (l'école datant visiblement plus du 19e siècle que du 14e...). Et pourtant, tous les Bulgares que nous avons rencontré jusqu'ici sans exception sont tous très ouverts et en faveur de Balkans sans frontières. Mais les discours tenus sont parfois si choquants qu'on s'attendrait presque à un soutien à la politique de bulgarisation des noms turcs imposée dans les années 1980. Et les Roms, n'en parlons même pas. Nous arrivons peut-être dans un pays étranger avec des idées reçues, mais d'un autre côté nous sommes sans doute aussi plus à même de prendre de la distance sur les propres préjugés des gens d'ici. Enfin, autre pomme de discorde notable : la Macédoine bien sûr. Et le rôle joué par les Etats-Unis et l'Union européenne dans les Balkans. Les discussions peuvent être animées.

Autre sujet d'animation : Rozhen Roger Napoleon von Sandanski. Rozhen (prononcer [rojèn]) le nom de l'endroit dans lequel on l'a trouvé (ou il nous a trouvé) -c'est son nom officiel pour ceux qui ne connaissent pas la suite, Roger parce que Roger, Napoléon parce qu'on est Français et qu'il est petit, et puis von Sandanski parce que c'est un petit prince, donc noble. Coup de foudre : Pepi et Iva sont tombés sous le charme. Au point de le ramener avec nous à Sofia et de l'adopter. Aux dernières nouvelles, les propriétaires de ce petit chien -si intelligent qu'on aurait "presque" (!) dit qu'il avait été éduqué- le réclament.
Retour à Sofia dès vendredi soir pour Kévin et moi, on part à Lovech le lendemain. Les soirées au théâtre national deviennent presque une habitude. Deux joueurs de djembe et de derbouka. Un flutiste australien les rejoint, un joueur de maracas, un autre percussioniste (qui en fait est marionettiste) puis Kévin et sa clarinette, pour une jam session applaudie par tout le square...

3 commentaires:

  1. Salut Nina: Goran Bregovic est en concert au FIL ce soir.
    Ziboux

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  2. 17h12, j'ai eu 9 en dictée, j'avais oublié un "s" à saperlipopette 17h14 C'est l'heure de la récréation 17h19 Maïwenn, Perrine et moi, on a joué aux osselets... ^^

    Des récits toujours aussi palpitants, que je dévore avec plaisir ! Encore, encore !!!!!!!

    Au fait, c'est toi qui a suggéré Roger comme patronyme à ce petit cabot si chou ?

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  3. Oh mais qui es-tu Anonyme ?

    Je ne sais plus si c'est moi qui ait suggéré ce nom, mais tu penses bien que je l'ai tout de suite soutenue. "Roger", à l'anglaise. Mais à la française aussi, ça reste un de mes prénoms préférés.

    15h30 : je joue à l'auberge avec Klervi, puis on décide d'organiser un voyage en Inde en camping car. 15h42 : finalement on change, on va jouer au fardeau. 15h50 : je me dis quand même que je suis parfois une soeur indigne...

    Oh tu veux des récits palpitants ? Je viens d'en poster un petit sur la pluie bulgare, enjoy sis.

    J'espère que le joggeur belge s'est lui aussi remis de ses émotions... Well done !

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