lundi 12 octobre 2009

Istanbul - The Turkish Way

20 septembre-27 septembre 2009 : Découverte d'Istanbul !


Après Sandanski, quelques jours de calme à Sofia (enfin une machine à laver !). Change, guide de voyage, nouveau sac à dos : parés pour la Turquie, et une semaine incroyable.

Une semaine de concentré de vie, du pur extrait d'une ville qui bouillonne sans cesse. La semaine de tous les moyens de transports : bus, métro, minibus, carriole à cheval ("fayton"), téléphérique, barque, ferry, bateau de croisière, taxi (notamment en marche arrière sur l'autoroute pour une belle frayeur des pauvres Français), pieds bien sûr, et j'en passe. La semaine des vues sur Istanbul, des toits, des collines, des tours. Une semaine de visites, de nuits blanches, de rencontres, de bains de foule, de minarets et d'appels à la prière cinq fois par jours, de marchands de tapis, de cafés turcs, d'épices... Et encore une fois, confirmation que l'hospitalité légendaire des pays orientaux est loin d'être une légende. Plein la vue !

Tout commence samedi 19, jour de la fin du Ramadan, par un (très) long voyage en bus de Sofia à Istanbul, avec Kevin et Fred (mes deux collocs français pour ceux qui ne suivent pas ;)). Premier vrai passage de frontière pour moi. Petite seconde de suspens quand vient le tour de Kevin et Fred, qui n'ont pas de passeports mais seulement une carte d'identité, mais tout se passe bien. Après le premier arrêt, il me semble qu'on fait tout un cinéma sur les contrôles pour pas grand chose. C'était sans compter les deux arrêts suivants. Tous les sacs sont sortis et alignés au beau milieu de la nuit, ça me rappelle l'accueil policier du festival Furia Sound System à Cergy ! Première vision de la Turquie : un grand mall - le duty free. On découvre à demi endormis l'écriture turque, les Ç, Ğ, I (sans point, pas i), Ö, Ş... Bienvenue dans un nouveau pays où on ne comprend rien ! Surtout pas les prix, beaucoup plus élevés qu'en Bulgarie. Et qu'est-ce que c'est que cette monnaie, le YTL ? Comment ça se prononce ? Retour dans le car pour un bout de route.

Je n'ai pas vu arriver Istanbul, ayant finalement réussie à trouver une position qui tout en me paralysant au moins un bras ou une jambe n'était pas trop inconfortable pour dormir. On arrive avant le lever du soleil dans un autre monde. Les gens n'arrêtent pas de nous sourire. Quelle bande de touristes on doit faire, avec nos cheveux clairs et nos gros sacs à dos ! L'arrivée à Sultanahmet, dans le centre, est magique. Le ciel a des couleurs très contrastées, du orange au noir orageux, sur lequel se détachent les minarets de la très belle Mosquée Bleue (le nom pour touristes, car en turc elle s'appelle simplement Mosquée de Sultanahmet).
La mosquée de Sultanahmet
Le temps de quelques photos.

Il n'est pas 7h, et une foule de gens se dirigent dans la même direction. Bien sûr, on les suit. En fait, le Ramadan vient de finir ce matin, et c'est le début du "Şeker Bayramı" (fête du sucre), trois jours pendant lesquels tout le monde s'échange des sucreries, comme on en fera l'expérience un peu partout.

On a rendez-vous avec Arda, guitariste et joueur d'harmonica d'un groupe qui a participé au Balkan Youth Festival à Sandanski (http://www.myspace.com/bluezonetr).
BlueZone (Caner, Arda, Çağdaş et Berke)
Très bonne surprise : on trouve une auberge de jeunesse en deux minutes, à deux pas (littéralement) de l'hôtel où travaille Arda. Alors ok, on partage la chambre avec une vingtaine d'autres personnes, mais c'est pas cher !

La mer !
La mer Marmara

Quelques "Dejan photos" (du nom d'un de nos héros de Sandanski, qui s'est pris en photo au moins une fois devant chaque bâtiment et avec chaque participant du festival, au point de faire de son prénom un nom commun ^^) s'imposent.


Après une sieste bien réparatrice, Arda nous emmènent sur l'autre bord de la Corne d'Or (qui sépare deux parties du côté européen de la ville), dans le quartier de Karaköy, de Galata, puis jusqu'à Taksim, le centre nerveux de la ville. Premier vrai café turc, accompagné de la traditionnelle lecture du marc. On retrouve Paulina, Gosia, Anna, Kasia, Karolin et Amelie, des volontaires du BYF qui ont passé trois jours ici et rentrent en Bulgarie dans la soirée, et d'autres amis turcs.

Lundi : Kevin et moi visitons le palais Topkapi avec James, un Anglais rencontré à l'auberge, étudiant en théologie. Les trésors des Ottomans sont fabuleux, de l'or et des diamands partout. Un palais plus que digne des milles et unes nuits. 



Le soir, on va manger dans un resto turc. Des musiciens passent de tables en tables et font l'attraction, tandis que des vieilles Turques impassibles continuent de faire leurs crêpes au milieu de la salle sur de grandes plaques bombées qui me rappellent les billigs bretons.


Mais les crêpes n'ont rien à voir avec celles que je connais et ressemblent plus à du pain, fourré au fromage ou aux épinards.


Mardi : journée maritime.



Kevin, Fred et moi partons pour une croisière sur le Bosphore. J'essaie d'approcher l'avant du bateau pour faire des photos, mais il est bloqué par une barrière.


Tout d'un coup, quatre jeunes Turcs de l'autre côté me font signe de venir, négocient avec le commandant visiblement pas trop content, et j'ai le droit de passer. Les Turcs ne parlent pas un mot d'anglais mais sont adorables, n'arrêtent pas de sourire et de nous prendre en photo.



Doğan, Nisbet, Gilem, Suayte (?) et moi


Captain !

C'est le bateau des rencontres: après y avoir retrouvé par hasard James et un de ses copains, on fait la connaissance d'une Syrienne en vacances à Istanbul et qui travaille à Sofia pour l'ambassade de son pays ! It's a small world...
On profite du soleil, qui commence à nous rougir les joues, pour aller faire un tour sur l'une des bien-nommées "îles des Princes", Büyükada, sur laquelle Arda nous rejoint.



Là-bas, aucune voiture, on se déplace seulement à pied, en vélo ou en "fayton", des carrioles à cheval typiques.



En fayton

L'ambiance est étrange, les immenses villas semblent vides. Par rapport à l'activité d'Istanbul, sur la côte d'en face, tout est extrèmement paisible. Si on s'éloigne des rues, on se retrouve en quelques minutes au milieu de la nature.



Le soir commence à tomber, à nouveau de belles couleurs. Retour en bateau à Kadiköy, sur la côte asiatique.



Avec Taksim, c'est un peu aux Stambouliotes ce que Bastille et Châtelet sont aux Parisiens (au moins certains et certaines :)). Soirée là-bas, qui se poursuit chez Eda et Alif jusqu'au matin.


Caner, ?, Arda, Kevin, moi et Fred

Du rake seul ? Jamais ! Il a beau être deux heures du matin quand on arrive chez nos hôtesses, elles s'activent dans la cuisine jusqu'à ce que la table déborde de fromages, d'olives, de gâteaux et de sauces faites pour l'occasion.

Mercredi, on émerge doucement dans l'après-midi. Petit-déjeuner royal ! Les Turcs sont surpris qu'on boive un café turc pour commencer la journée. Ici, la boisson habituelle est le thé, et le café est réservé aux fins de repas. Nouvelle lecture de marc (je commence à apprendre) : ma tasse est de mauvais augure, "pain and a lot of suffering !". Hum, en fait, on y croit quand on veut à ces prédictions, non ? Arda, Fred, Kevin et moi partons pour Miniatürk. Le taxi a raté la sortie ? Pas de problème, il fait marche arrière sur vingt mètres d'autoroute ; les petits Français à l'arrière sont livides...
Miniatürk est un parc de miniatures des grands monuments de Turquie.



Arda, Fred :D et Kevin sur le pont du Bosphore

Tout le pays en temps et en taille réduits !


En partant, alors qu'on se dépêche pour prendre le téléphérique et voir le coucher du soleil sur Istanbul du haut du café Pierre Loti, un vieux bonhomme nous appelle en criant à tue. Arda et lui discutent pendant que Kevin, Fred et moi ne comprenons rien à ce qui se passe. Comment a-t-il deviné nos intentions ? Mystère. Il nous propose de traverser la Corne d'Or dans sa barque. Quelques minutes superbes au milieu de l'eau.



En barque sur la Corne d'Or

De l'autre côté, un nouveau moyen de transport nous attend, le téléphérique. Là-haut, vue magnifique. On a raté le coucher du soleil, mais les lumières de la nuit sont très belles. Arda décrypte la ville autour de nous.
Pierre Loti, amoureux d'une Turque (Hatidjé) et de la Turquie, a marqué Istanbul. Le café est décoré de photos, de livres... Retour au Sultan Hostel et nouvelle vue imprenable du haut du toit pour une soirée cartes et narguilé.
Jeudi : "Excuse me ladies, how can I spend your money ?", "Angel ! Hey angel ! This way to paradise". Bienvenue au Grand Bazar, immanquable à Istanbul. Par rapport à mes souvenirs de la Syrie, c'est pas tant que ça le bazar pourtant. Les magazins sont parfois même très class (beaucoup de bijoux, de riches décorations...).


Discussions de marchands de tapis pour acheter à des prix corrects (compte tenu de nos dégaines de touristes dans ce pays) des châles. On observe différentes techniques, ceux qui démarrent à un prix très haut et le divisent par trois en cinq minutes, ceux qui proposent la différence si on trouve moins cher, ceux qui se mettent à babiller en français... Le plus surprenant peut-être : un des vendeur nous montre l'étiquette d'un des voiles qui indique la matière dont il est composé et nous explique que ce qui est écrit est faux. Technique censée nous prouver son honnêteté par rapport aux autres vendeurs... ou pas ! Toutes les techniques sont bonnes pour attirer les clients. Le plus souvent, l'enchaînement "Hi, how are you ? Where are you from ? Can I ask you one question ?". Une échoppe est plus originale : "soutenue par Barack Obama" !

Direction le bazar aux épices. Encore une fois, c'est le nom pour touristes, car les Turcs l'appelent le bazar égyptien.

Des tas de couleurs, de sons et d'odeurs bien sûr, non seulement d'épices mais aussi de thés et de loukoums. Dernier café turc pour Fred, qui part ce soir.

Je m'essaie à la lecture de son avenir, sans être bien convaincue par mon imagination (comment ils font ?).

Visite de la Nouvelle Mosquée, puis des mausolées d'Hagia Sofia.



Yeni Mosque, la Nouvelle Mosquée

Une touriste asiatique prend en photo la mosquée...


A droite, des croyants se lavent les pieds et les mains (et une tondeuse ^^), c'est une purification rituelle obligatoire avant d'entrer dans une mosquée. Découverte un peu naïve : les tombes Ottomanes ne sont bien sûr pas surmontées de croix, mais d'un turban. Ensuite, Kevin et moi visitons les "citernes basiliques", un vrai monde souterrain. On dit qu'il y a mille et une colonnes. Mille et un touristes aussi. Tentative vaine de tuer des poissons en lançant des pièces dans l'eau, censées réaliser vos souhaits les plus fous. C'est pas si fou pourtant de vouloir tuer un poisson.



Fred nous quitte pour aller chercher un peu de calme dans les montagnes bulgares.

On poursuit la soirée à Taksim, puis à nouveau chez Eda et Alif. Fous rires quand Kevin et moi imitons le turc, et surtout quand les Turcs imitent le français ! On a tant que ça de mots en "tion" et en "ique" ? ^^ Sur le chemin chez Caner (prononcer [djaner]), la police arrête notre taxi ! Heureusement pour nous, aujourd'hui on est un nombre correct; quelques jours plus tôt on était sept dans la voiture. Ils prennent nos passeports, cherchent la voiture, on comprend pas trop et le chauffeur a pas l'air bien. RAS. Un copain d'Arda nous explique que ce sont de nouvelles mesures anti-criminalité. "If you ask me, it's just bullshit !".
C'était à prévoir, Caner nous accueille les bras ouverts. Il veut tout nous montrer à Kevin et moi : les photos de famille, le sabre de son père, haut-gradé de l'armée de terre, ses bouteilles de vin, les premières chaussures avec lesquelles il a marché et celles de son frère accrochées au-dessus de la porte (pour la chance), les Nazar Boncuk (et pas "nazar bonjour"), oeils bleus qui protègent du mauvais sort...


Nouvelles crises de rire quand on écoute ensemble une chanson française, "Si tu savais combien je t'aime" (http://www.youtube.com/watch?v=6m-w0OJ9kAw) et la traduction phonétique en turc, qui donne quelque chose comme ça : "Le chauffeur de camion qui aime le lait va sur l'autoroute" ! Les paroles turcs volent pas plus haut que les françaises, mais au moins c'est plus drôle !

On repart après quelques heures de sommeil avec les travailleurs du matin, en train et en ferry. Les matins, avec les nuits, sont les moments où la ville est la plus belle.

Vendredi: Dernier jour de Kevin. On déjeune dans un petit resto de Sultanahmet. Autour de nous, de vieux porteurs sont pliés en deux sous le poids de dizaines de kilos de papier et n'arrêtent pas de faire des aller-retours.

Un porteur turc, comme des centaines d'autres qui tirent plusieurs fois leur poids

On retourne aux bazars pour faire le plein de thés et de loukoums, qu'on déguste au parc Gülhane. L'heure du départ de Kevin arrive - et l'heure des accostages commence pour moi depuis que je ne ballade plus avec des copains. C'en est drôle parfois tellement c'est direct !
Autre ambiance dans la Mosquée Bleue, si calme et paisible, et belle au point qu'à l'époque de sa construction, elle a soulevé une grande opposition car on craignait qu'elle veuille rivaliser avec La Mecque.

Samedi : Journée... touristes.

Retour à Hagia Sophia, cette fois pour la visiter en entier. Le bâtiment est beau, mais une grande partie est en travaux. De belles fresques, une longue histoire mouvementée, mais qu'il est difficile de sentir au milieu de tous les visiteurs. Comme James nous l'avait dit, certains font la queue ving minutes pour toucher une colonne aux pouvoirs guérisseurs (photo ci-dessous) :D J'aime bien me moquer des touristes. Même si j'en suis aussi une, je dois l'admettre.

Je retrouve Arda et on va visiter le palais Dolmabahçe, connu notamment parce qu'Atatürk y est mort un jour à 9h05 et que depuis toutes les horloges sont arrêtés à cette heure. La visite est uniquement guidée, on se retrouve dans un immense groupe. Le guide parle tout le temps et au lieu de respirer, il traduit les derniers mots de sa présentation en turc, français, espagnol, italien, et peut-être même allemand parfois. Ca part très sûrement d'une bonne volonté, mais j'ai un peu de mal à distinguer quelle langue il utilise. Le palais est magnifique, un labyrinthe. La dernière salle est haute comme deux ou trois étages et le lustre prend presque toute la hauteur de la pièce, c'est l'un des plus grands du monde. Thé au bord du Bosphore, quel luxe, puis visite de la tour Galata. On rate encore le coucher de soleil, damn it, mais la vue sur Istanbul reste la vue sur Istanbul. Ca me rappelle Damas du mont Qasioum.

Istanbul vue du haut de la tour Galata

C'est de cette tour qu'un homme a pour la première fois volé, Hezârfen Ahmed Çelebi, jusqu'à l'autre rive du Bosphore. Dernière soirée turque (avant que je revienne !) vers Taksim.

Dimanche : dernier jour. Quasiment plus d'argent, donc je me ballade longtemps dans la ville avant de retrouver Arda. C'est dimanche matin, toutes les communautés non turques ont l'air réunies à l'église. Visite d'une dernière mosquée au bord du Bosphore.

Plus loin, tous les pêcheurs se sont donné rendez-vous le long du Bosphore et de la mer de Marmara. Un snack ?


Dernier thé avec Arda avant le départ dans la soirée. Et bien sûr... on va prendre un peu d'eau du Bosphore que je ramène dans une petite bouteille :) Le ciel est contrasté comme le jour de l'arrivée, comme quand j'avais quitté Budapest il y a deux ans : un beau ciel de départ.


Güle güle Istanbul...

3 commentaires:

  1. Article comme les autres... génial !
    Banalité pour toi mais toujours ravissement chez moi !
    L'heure est néanmoins grave soeurette : Eléna : est ce inquiétant d'avoir ri à ta phrase "C'est pas si fou pourtant de vouloir tuer un poisson." ? Si oui, je suis sérieusement atteinte de ce mal mystérieux qui toi aussi te ronge...
    Allez güle güle ma go gole, car qui gugule à la gole qui colle !

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  2. Merci mon Anonyme préférée.
    J'ai examiné votre cas attentivement, et je crois que vous êtes atteinte. En même temps c'était un risque à prendre, à fréquenter de si près si longtemps de grands malades, car le mal est contagieux, par l'air, la parole, et même la pensée (j'expérimente actuellement). Tu peux toujours essayer de tuer un poisson avec une pièce en faisant très fort le voeu de guérir, mais je ne pense pas ni que tu le veuilles (c'est toute la subtilité du virus) ni que tu le puisses. güle güle dovijdané la condamnée

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  3. Je me suis faite piquer ce matin : injection intramusculaire qui courbature le bras et l'endort tel un vieux chat ronronnant près du feu, mais le mal est toujours présent... En lisant ta réponse, j'ai relu mon commentaire et ... J'AI RI ! Je suis foutue... Pauvres parents qui cumulent deux (trois?) enfants malades ! Leur chance réside dans l'incroyable caractéristique de cette maladie : elle n'est pas mortelle, au contraire, elle est même vitale pour les gülegülites dans nos genres !Gouzigouza en tout cas LNAAAAAA

    Anneau Nîmes
    aka
    Bague Lyon

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